jeudi 28 août 2008

Du racisme ordinaire

Salam à tous,

Ce billet comme cri d'espoir et de désespoir.
Je n'ai pas la force ni le courage de m'insurger contre ce racisme aussi despote que sourd.
Le fait est que l'intégration républicaine est un mensonge national.
National car il est émis par la Nation; qu'est ce que la Nation? C'est ce qui permet à des gens de dire "nous". Alors la Nation française a menti, aussi hypocrite que dans son histoire coloniale, et a provoqué de belles désillusions. Heureux même ceux qui n'en sont guère conscients; car le voir au quotidien, au travers de gestes et d'attitudes silencieuses, c'est un enfer, une souffrance permanente, surtout au boulot...
Ce qui m'étonne, dans tout cela, c'est le caractère ordinaire de toutes ces formes subtiles de sape raciste; lentement mais surement, on vous lime les petites dents qui poussent, pour vous rendre inoffensif, plus "enfant", moins "velléitaire", moins "condescendant", moins "donneur de leçons"...

Mes défauts? Je les connais, irrégularité, et baisse de motivation face aux choses peu intéressantes. Mais tout le monde a des défauts, ce n'est pas leur présence qui empêche le succès, tout comme ce n'est pas leur absence qui le permet. Je me souviens encore lors du dernier point de mission, quand on m'a dit : "il est très intelligent, compétent, mais, je sais pas, il lui manque qq chose, pas gd chose ms qq chose". Ben voyons! Chaque mission a vu ce "quelque chose" changer: cette fois ce fut l'irrégularité ou le manque de concision, la dernière fois un manque de maturité, enfin bref il y a toujours un truc, et heureusement d'ailleurs! il y a un proverbe tunisien qui dit : si tu veux construire une relation, focalise-toi sur ses qualités, si tu veux la détruire, sur ses défauts.
Le fait est qu'à chaque fois que des relations ascendantes heureuses dans la hiérarchie ont pu se faire, j'ai été d'emblée miné; et il y avait là plus d'hostilité que celle inhérente à la concurrence naturelle entre pairs, il y avait là quelque chose de plus profond que je n'arrive pas encore à désigner précisément; le mot racisme, je le trouve vide de sens car fourre-tout, et puis ce à quoi j'ai affaire est presque viscéral, voire congénital ;-)
Tout ceci me rappelle les déclarations successives sur le statut national des algériens alors que l'algérie était un département français; du début à la fin, les "musulmans", au moins à l'époque on appelait un chat un chat, devaient encore faire des "efforts d'intégration" pour pleinement intégrer la nation française. Et bien sûr, jusqu'aujourd'hui, ces efforts doivent continuer, y compris ceux nés en France.
Et cette idée du droit du sol! Quelle infâmie! Quel mensonge!
Ce qui est toujours frappant, c'est l'indifférence générale, voire l'impunité innocente, dans laquelle tout cela se produit. Ca me rappelle la BD de Tintin au Congo, dont tout le monde s'insurgerait aujourd'hui, mais qui siégeait en place de choix sur la bibilothèque de ma classe de CP.
Il est facile ainsi de divaguer; le cercle d'inaction des plus vicieux: plus je suis sapé, moins j'ai envie de donner, et plus je me soustrais de l'effort, moins je suis en droit de recevoir, et c'est ainsi que l'on s'abrutit.

Encore une fois, si l'absence de défaut n'amène pas au succès, alors leur présence devrait l'assurer, ce qui est faux, d'où l'hypothèse de départ fausse: l'absence ou la présence de défaut n'a donc, definitely, rien à voir au succès!!

mercredi 23 juillet 2008

Le F. islamique

Extraordinaire !
Le Foulard islamique a été habilité en grande pompe cette année.

Avec un engouement croissant en 2008, le Foulard islamique se porte plutôt bien dans le monde. Et l'Hexagone veut combler son retard: déclarations du ministre, législations, amendements, décrets d'application, tout y passe; on a même assisté à du zèle en conférence de presse, où il a été avancé, à corps et âme du ministre-même, que "La loi française offre déjà la meilleure flexibilité et la capacité d'adaptation pour [l']accueillir". Amen.

Après un débat fructueux au Sénat, au titre non moins éloquent, les sages de la République ont donné leur feu vert à cette opération encore improbable il y a moins d'un an... Euhh, à l'heure d'internet, ça fait beaucoup un an; un petit comeback ?
Alors je passe "l'affaire du foulard" de 2004 (en fait un réchaud de 1995 avec une loi en dessert), l'affaire Tarik-passeur-des-Frères-Musulmans en Occident (pauv' gas, faut pas lui en vouloir, il était devenu un boat people en se faisant refouler des US), les hallucinations islamogènes de candidats présidentiels aux campagnes placardées ("La France en danger d'islamisation"), les intellectuels star-system du choc des civilisations, Redeker, Finkielkraut & la turquie, etc. Waw, c'est loin tout ça!!
Mes chers, allons voir si cette prose qui ce matin avait éclose...

Non, aujourd'hui, l'heure est à l'union, la comunion, le partage! on parle même de se former au foulard islamique. Si si de vrai! L'université de Strasbourg prépare un master pour l'an prochain, un certificat de formation est déjà délivré à outre-Manche, et la seconde édition d'un forum français sur le Foulard islamique, regroupant les plus grands spécialistes de la question, est déjà prévu à la rentrée!

Ce qui est étonnant dans cette histoire, c'est la verve politique sans précédent: effet Sarkocstasy élyséen? Nul n'en saura; en tout cas, cette dynamique virile s'accompagne d'un réalisme louable, reflété par les propos du ministre lui-même:
Le Foulard "islamique en France offre un fort potentiel, mais des obstacles demeurent", ajoutant qu'ils "se rapportent moins aux changements législatifs qui seraient nécessaires qu'à des aspects sociaux et politiques". Ouf, c'est pas encore l'orgasme.

Bon, vous avez fini de lire ce post, ok pour l'instant c'est un hoax; maintenant remplacez le mot Foulard par le mot Finance, secouez bien et relisez...

Le F. (pour Foulard ou Finance) islamique : deux poids deux mesures.
Bonne nuit ;)
Mouslim X.

PS: j'ajouterai les références ASAP.

mardi 29 avril 2008

Logique floue

J'ai l'impression d'avoir déjà tout dit, tout écrit.
Je viens de terminer ma mission chez mon ancien client, filiale d'un groupe public.
J'ai, là encore et à ma grande surprise, détonné en proposant de faire un bilan de fin de mission à mon supérieur en interne. Je ne vais pas trop m'étaler sur sa capacité à faire diversion, en vous jetant l'opprobre pour mieux se préserver; mais soit, c'est terminé. J'en ai tiré des leçons et, comme dit l'adage, non bis in idem.
Aujourd'hui, je suis chez un autre client. Que dire? D'abord le cadre: un openspace qui ressemble plus à une salle d'archives aménagée; une équipe jeune pour la plupart, et sur place depuis moins d'un an. Le client a l'air d'être satisfait des prestataires, il n'hésite pas à y prendre appui, et c'est bon signe.
Ma position, dans tout cela, encore nomade et sans objectif; ça me rappelle la métaphore que j'avais confiée à une amie du temps estudiantin, sur le ballon et le train; il me semble bien que je suis devenu le ballon.
Inutile de m'allonger sur la check-list de ce qu'il faut faire; je le sais déjà, j'ai lu plus que trop sur le sujet, je pourrais même faire coach si ça continue; mais là il faut que je m'occupe enfin de moi-même.
Pourtant, dès que je pense à l'action, je me fige. Sans trop savoir pourquoi, après avoir épuisé toutes mes cartouches d'activité de diversion, je reste quoi sur le sujet, sur mon sujet: j'en deviens paralysé. J'ai l'impression de plus en plus nette que ma vie me fuit comme l'eau à travers les doigts; je ne suis plus maître de rien ou presque; et ce n'est pas le temps qui me manque en vérité; j'ai eu plusieurs occasions dernièrement de redresser la barre (maladie, RTT, creux d'activité, etc.) mais je restai face à moi interdit.
Par ailleurs, j'ai tout de même mis à jour mon CV et surtout personnalisé; ça m'a pris plusieurs heures mais j'en suis globalement satisfait : il me ressemble; maintenant, alors que je n'ai aucune peur des entretiens, ou des recruteurs, ou de tout ce qui peut s'y apparenter; drôle de phobie.
Ce qui est effroyable, c'est cette sensation continue de voir l'absurdité de la vie humaine. Mais pourtant il faut jouer le jeu; et pour continuer à vivre avec cette lucidité, il faut se forcer à garder une part de fantastique, résister à la tentation du désenchantement total par l'acuité, d'y croire encore un peu.
Dans le mode consommable, je sais ce qu'il me faut pour relancer ma motivation, mais dans mes tréfonds, je n'y vois que du trompe-l'oeil, finalement que du factice. Encore une fois, c'est ce que disait St Exupéry, rendre aux hommes une signification spirituelle.
Aujourd'hui je le sais (au profit de mon désenchantement) : tout projet, et sa réussite de qcq degré, n'est que sursis accordé au désenchantement. Et c'est justement là que je bloque: comment croire à ce que je fais sans se mentir ?
Alors ce qui entretient l'enchantement, c'est sans conteste l'enfant et son regard candide; mais cynique équation que d'entretenir l'enchantement par la procréation qui conduit au désenchantement.
Suis-je excessif? Peut-être mais désaxé, sans doute pas. Ce dont je parle a été traité par de grands noms tels que Rousseau, Pascal ou encore Spinoza; Voltaire en a fait le traité dans Micromegas.
Alors que reste-t-il? Lorsque le besoin n'est plus, l'homme est confronté à sa propre misère, en cela qu'il perçoit alors sa petitesse, sa bêtise et sa futilité; alors il commence à désirer, et à se divertir, dans le sens premier, càd à "se détourner de" sa propre réalité.
Une telle approche ne saurait être celle d'un jeune homme, me dit-on parfois; mais le jeune homme, il a juste l'énergie de faire, mais ne vaut rien de plus en soi; c'est un peu comme la pile dans matrix, la pile est chargée quand on est jeune, voilà tout, mais on ne vaut rien d'autre finalement.
Mais cela ne va pas sans difficultés pour "l'insertion sociale"; en effet, comme je viens de le lire dans le magazine "Cadres", être différent remet en question l'autre, en particulier dans le contexte hiérarchique entreprise, et cela revient dès lors à passer pour un donneur de leçons. Drôle de lien! Encore une spécificité culturelle illogique que je dois admettre et prendre en compte. Illogique mais non sans fondement historique et social. Là encore, l'Egalité a devancé la Liberté sur le podium républicain. Par ailleurs, autre difficulté sociale: je suis de moins en moins dupe, et il m'est d'autant plus difficile adhérer aux idées/illusions de groupe; alors, sans pourtant l'afficher, cela se voit et remet le groupe en question dans ses croyances; la réaction qui s'ensuit est donc le rejet. Ca me rappelle un film cette histoire..
« L'homme est très fort quand il se contente d'être ce qu'il est ; il est très faible quand il veut s'élever au-dessus de l'humanité. » Emile Rousseau
Je sens une impasse dans mon raisonnement; s'il est vrai que je ne crois pas aux nombreuses activités grégaires de notre existence, je peux m'en permettre parce que je suis à l'abri du besoin nécessaire à ma survie; de ce point de vue, je peux passer pour un ingrat; toutefois, si Dieu, ou la Providence, m'a élevé au-dessus des 4/5 de l'humanité, je ne peux pour autant en rester là: l'espoir est d'essence humaine; dès lors, s'il est vrai que je suis fort et apaisé lorsque je me satisfais de ce que je suis, alors plus de progrès, plus d'avenir, que de la répétition; l'entéléchie qui est cette aptitude spécifique à l'homme à se surpasser fait partie de son essence; la supprimer au nom de la paix de l'âme serait lui ôter une part non négligeable de son humanité.
Donc la question est: quelle entéléchie faut-il avoir? Et là, je crois que c'est, in fine, une question de choix.
Voilà le raisonnement éclairci et corrigé... et laissé en brèche pour une prochaine fois.

PS: écrire m'a fait bcp de bien; voltaire avait la santé très fragile, était mort né et a vécu près de 90 ans; l'écriture était sa thérapie; je le comprends maintenant.

vendredi 22 février 2008

Ma plume

Salam alaykoum,

Parfois je suis perdu; l'air hagard, les yeux ébahis, le menton tombant, les cheveux ébouriffés; le regard terne et dépoli, les lèvres qui ne savent plus sourire sauf esquisser, etc. Que dire? Je me meurs, voilà tout. Et chaque jour qui passe me rend compte de mon état, et m'y avance à la fois; il faudrait arrêter le temps, ou peut-être même le remonter, qui sait? reprendre certaines choses, en refaire d'autres un peu mieux... on me dit souvent que toute expérience est bénéfique pour qui sait l'apprécier; mais non je crois qu'il est des expériences par moment; il est des expériences qu'il ne faut pas vivre à certains moments; pour ma part, c'est la longue agonie de mon père, et la lourde charge qui s'ensuivit, le mariage arrangé qui capote, le temps passé à construire des foyers sur mes plus chères années...
Voilà, voilà ce que j'aimerais reprendre, mais je ne le peux pas; j'observais hier une émission avec Luc Besson et Jean Jacques Annaud, qui témoignaient de leur vie passée derrière la caméra, et qui disaient -seule leur célébrité le leur permettait!- que le cinéma était pour eux leur seule liberté, dans un monde où nous sommes tous enchaînés ou castrés plus ou moins fortement.
J'en ai même assez des réflexions, assez même de réfléchir; je veux dire les choses simplement, comme elles me viennent, en évitant toute digression philosophique, historique, religieuse... Ah!, Saint Exupery, n'est ce pas toi qui disait si justement qu'il ne restait plus qu'un seul problème dans le monde: rendre aux hommes une signification spirituelle.

Quel ennui que de se retrouver là, assis dans un bureau, accompagné du seul bruit des touches de mon clavier, le regard perdu dans cet écran aussi plat que vide. Chaque fois que j'ai pu, j'ai poussé un cri, un souffle de vie, pour ne pas mourir intérieurement; chaque fois, on me "ramenait à l'ordre"; le bétail c'est toujours rassurant; on attend de moi que je sois un informaticien, un bon informaticien, point. Il ne s'agit pas de donner des prérogatives, au risque de paraître pompeux, il ne s'agit pas pour moi d'imaginer, d'inventer, je ne suis qu'un informaticien! Arabo-musulman de surcroît; car à la castration moderne s'ajoute le ressentiment -tout aussi conscient ou pas- vis à vis de l'Autre que je suis par excellence.
je vois des jeunes développeurs revenir de pause café; c'est triste de désolation spirituelle; alors on descend à la machine à café, on échange sur les derniers achats, le dernier film, les salaires, etc. Rien que de la matière. C'est vide.
J'avais commencé à écrire au collège, en classe de quatrième je crois; fin de seconde j'avais écrit près de cent cinquante poèmes, textes en prose et autres réflexions; qu'en ai-je gardé aujourd'hui? j'avais du les jeter (grave erreur!) pour déménager sans éveiller les soupcons de ma mère; depuis, je ne m'y suis remis que prosaiquement; dans les périodes de solitude aussi, à paris durant mes années de prime jeunesse. Je trouve pourtant que j'étais plus riche à cette époque qu'aujourd'hui.
Je vois souvent des gens confondre richesse et somme; je peux compter à satiété, il me manquera toujours qq chose; par contre, si je me sens plein nu, en mon for intérieur, alors il ne me manquera rien.
Depuis que je vois se bâtir des couples, on a l'impression d'arroser, de produire, mais de ne rien alimenter. Un couple? Un foyer à meubler, un frigo à remplir, des factures à payer, du grégaire, encore du grégaire, toujours du grégaire. Un problème dans le foyer? Le compte séparé, l'interdit bancaire, l'indépendance matérielle, le "développement personnel", l'affirmation de soi, quelle sécheresse! Comme disait encore St Exépury, tout lyrisme sonne ridicule. Sacraliser le couple? Faiblesse individuelle, baisse de confiance en soi, manque de force personnelle. Car on se croit puissant. Libre. Indépendant. Quel orgueil!
Le fort, c'est celui qui réussit par lui-même, un peu à l'image du self made man américain, mais avec cette propension si spécifique à rejeter le sacré, avec le sourire.. Quelle prétention!
Parce que l'homme moderne croit être quelque chose, faire quelque chose, devenir quelqu'un d'important. Dumas le faisait dire à Dantès : "voyons [..], croyez-vous que ce que vous faites vaille la peine de s'appeler quelque chose?" C'est amusant de voir à quel point l'homme moderne se croit supérieur, plus il amasse de la matière; pourtant, c'est par elle qu'il s'existe, c'est donc lui qui en est dépendant. Moi je préfère discuter avec des gens, même sur des choses simples, mais qui existent vraiment, au-delà de ce qu'ils ont, mais de ce qu'ils sont.
Peu importe pour beaucoup pourquoi les choses sont, l'important c'est le how. Ne parlez pas à vos collègues d'historique, de raison d'être, de perception, non, parlez de chiffres, de résultats, de statistiques et de tableaux, et ils vous écouteront.
En attendant, mon inspiration se tarit, mais j'en suis qq peu rassuré en voyant que j'ai pu reprendre la plume électronique sans trop d'embarras; je n'ai pas encore retrouvé ma vigueur d'autrefois, mais j'y aspire.
J'ai retrouvé la plume, mais pas la main. J'espère qu'elle reviendra, et avec elle l'esprit. Amen.