vendredi 16 mars 2007

Le théâtre de la "pudeur islamique"

Salam,

J'étais aux prises dernièrement avec des amis sur la notion de "pudeur islamique". J'ai de plus en plus tendance à mettre des guillemets quand j'utilise le qualificatif islamique, pour deux raisons; d'abord parce que de la part de ceux qui l'utilisent, c'est presque toujours à deux vitesses; ensuite parce que, fondamentalement, je ne suis pas sûr que ce soit intrinsèquement de droit divin.
Donc, nous discutions de ce qu'était la pudeur, ou al haya'.
Partons d'exemples concrets; prenez deux musulmans, un homme et une femme; à l'extérieur, càd en dehors de la communauté, on fait comme tout le monde, on joue avec les mêmes règles aux mêmes jeux de société, on s'applique aux mêmes mises en scène, au même "théâtre mondain" en vigueur entre les deux sexes et quelque soit le décor(professionnel, amical, etc.) ; et, puisque c'est de sexe essentiellement dont il est question ici, d'un point de vue freudien, on exploite sans complexe -tant que les apparences sont sauves- la latitude offerte par la liberté sexuelle contemporaine. Un exemple? Prenez cette musulmane qui va veiller, entre musulmans, à ce que personne dans l'entourage ne s'amène avec un décolleté, surtout s'il y a le mari dans le coin! observez-la ensuite le 1er jour de son arrivée en entreprise: elle va vous sortir un haut effet XXL, équipé d'un décolleté vertigineux, davantage mis en valeur par un léger voile sensé "couvrir" pudiquement les formes que l'on devine aisément; c'est grisant; le fantasme n'est-il pas le fond de commerce du sexe? Mais c'est en même temps insupportable d'hypocrisie.
Comme je disais dernièrement, on peut sans problème tromper tous ses semblables, tant qu'on joue ou qu'on se joue avec des règles d'ordre humain; mais le plus effroyable dans cette pudeur islamique est que l'on joue à des règles au nom de Dieu; alors finalement, on se fout de qui?

Les musulmans traditionnels sont épris à la fois de fascination et à la fois d'horreur face aux assauts jubilatoires fantasmés du sexe. Ceux qui jouent sans vergogne sur les deux tableaux sont doublement criminels: ils entretiennent à la fois ce joug impitoyable sur la chair, tout en en usant sans complexe. Pourquoi doublement? Parce qu'ils croient ou entretiennent l'illusion de la "pureté" sexuelle (lire à ce propos l'excellent essai de Perrot sur "la psychanalyse de l'intégriste") chez les autres, en public, tout en en jouissant en privé sans autre forme de procès. C'est criminel; c'est même pire que l'excision ou la castration, puisque cette attitude s'habille en plus de l'hypocrisie.

J'aime à me rappeler les mille et une nuits; c'est particulièrement frappant de voir à quel point nous sommes à une période qui équivaut à celle où le sultan, de retour au palais plus tôt que prévu, surprend avec effroi la scène orgiaque à laquelle se sont donnés ses sujets. Les musulmans vivent leur relation à l'autre sexe avec cette phobie en arrière plan. Les fausses pudeurs et autres mises en scène n'ont pas d'autre ressort.

Pour un caractère comme le mien, la réponse spontanée serait de déchirer ces voiles hypocrites et de s'adonner aux plaisirs de la chair avec gaillardise. la psychanalyse de caniveau y trouvera sans pble des explications ; scandale? Pas forcément, je connais personnellement de nombreuses personnes qui en ont usé pour se débarrasser de la frustration et de la culpabilité qui guettent et pèsent, et je dois avouer que ça a l'air d'être assez thérapeutique. Qui sait? Le prochain sera peut-être moi ;-)

Ce qui est effroyable là encore, c'est que ce sont ces mêmes personnes qui vont ensuite vous prôner une "chasteté" à toute épreuve, quand bien même on ne leur a rien demandé; c'est criminel, vraiment. C'est déjà très dur pour les personnes qui vivent sous le joug de la culpabilité sexuelle liée à une certaine pudeur islamique qui reste à prouver, faut pas en rajouter par de l'hypocrisie effrontée et pudibonde. Non vraiment, c'est haïssable et criminel.

La pudeur islamique? Un théâtre social comme un autre, mais avec deux dimensions qui le distinguent: d'abord les règles du jeu sont de droit divin, ou proclamées telles, ensuite ses acteurs sont, pour beaucoup, des schizos comportementaux. Alors on peut dénoncer cette tartufferie verte si singulière, et souvent inconsciente; il faut d'ailleurs oeuvrer pour que ça change. Mais ce qui me dégoûte profondément et provoque nombre de mes colères, c'est l'hypocrisie de ceux qui sont de manière consciente dans le double jeu : la "pudeur islamique" et la sexualité libre ou décomplexée.

jeudi 1 mars 2007

Le sport favori des musulmans

Salam alaykoum,

Je me suis retrouvé dernièrement face à une situation assez caractéristique de notre "communauté". Un homme et sa femme rencontrent une amie, ou plutot une "connaissance" ... des détails? non, d'abord par pudeur et puis surtout car rien que du banal : des regards furtifs et gênés, coupables et appuyés; et pour dissiper tout doute, quelques mots inutiles, ponctués de machaallah, soubhanallah, drapés d'une pudeur excessive; qu'il y ait eu ou pas une histoire passée importe peu, mais il y a pire.
La fausse pudeur dont nous, musulmans, nous drapons au quotidien.
Ca me rappelle les échanges du Bourget "entre frères et soeurs dans le hallal". C'est triste..
Ce qui m'agace en vérité, bien plus que le double langage, c'est, de prime abord, l'étonnante aisance avec laquelle nous faisons de la pudibonderie; puis l'écoeurante mise en scène, hypocrite et sournoise: hypocrite au regard de ceux qui nous entourent, sournoise vis à vis de Dieu.
Car la question fondamentale est là: Dieu. Dostoievski disait: "si Dieu n'existait pas, tout serait permis."
On peut tous tromper nos semblables, tous sans exception. L'expérience aidant, on peut même en arriver à se tromper soi-même! C'est comme ça qu'on en arrive à entendre des argumentaires incroyables, à la limite de l'insulte tellement c'est gros, pour soutenir des positions plus acrobatiques les unes que les autres. Un exemple? Prenons le cas de cette jeune femme musulmane soucieuse à tout prix d'appliquer la non mixité privée (ce que les juristes appellent 'khalwa') en présence de son mari (morale islamique oblige), mais qui va en même temps vous expliquer, sans sourciller, sa préférence pour un masseur homme parce qu'un homme ça "prend mieux la chair"! Mais si, mais si, vous dira-t-on, du temps du Prophète, les soignants en temps de guerre étaient des femmes. L'effronterie s'affranchit de la logique.
Ce qui me soucie personnellement, vraiment, ce n'est pas le fait de se faire masser ou pas par une personne du même sexe (d'ailleurs on ferait quoi avec un homo?), ni encore moins la dialectique hallal/haram; vraiment c'est loin d'être le plus affligeant dans tout cela. Le pire est l'insolence avec laquelle nous jonglons allègrement des "injonctions". Mais on se fout de qui finalement?

Entre fascination presque morbide pour le sexe, et volonté de contrôler cet incontrôlable, les musulmans ont donc fait du double langage, de la double face, du double argumentaire, du deux poids deux mesures, un sport communautaire de haut niveau. Et ils y excellent tristement...

Wassalam.
Mouslim-X.