vendredi 23 février 2007

Clairvoyance et perception

Salam,

A la lecture des récentes menaces sur l'Iran, je ne puis m'empêcher de penser
que cette logique de dominations plus ou moins complexes qui compose l'histoire
n'aura de toute façon pas de fin. A la genèse de ce monde, le Coran ne dit-il pas à l'Homme à sa descente sur Terre: "Et descendez-en (de l'Eden), ennemis les uns des autres" (Sourate Alaaraf)? Ici la notion d'ennemis désigne plus la lutte pour la domination des uns sur d'autres qu'une relation belliqueuse et nihiliste d'essence entre humains.

Aujourd'hui, l'occident domine, c'est un fait.
Cette domination se conjugue dans tout type de relations, depuis l'échelle individuelle à l'échelle institutionnelle. J'aurai l'occasion de revenir sur ce point de nombreuses fois je crois.
Je me souviens - c'était avant le 11 septembre et sur fond de "crise du foulard"- je m'amusais à prendre une carte géopolitique du monde, et je la superposais à la carte des conflits mondiaux; et je me demandais quel est le facteur commun ? quelle est la cause commune à tous ces conflits? il ne s'agit pas de définir une cause unique, loin de là, mais bien de déterminer un "terreau commun" de ce "terrorisme" et de cet "obscurantisme" combattu avec bravoure par les "forces du Bien" occidentales. Non, sans blague, j'ai vraiment tenté de faire preuve du plus grand pragmatisme, et d'élaguer au maximum mes penchants affectifs, afin d'infirmer ou confirmer l'impression première.
J'ai pris un à un les différents facteurs selon l'échelle régalienne: les régimes politiques, bien que corrompus, sont trop différents les uns des autres, dont on notera d'ailleurs l'étonnante disparité (on a tout essayé en terre d'islam, du socialisme au nationalisme en passant par le communisme ou la monarchie de droit divin!); les sociétés, bien que très injustes, avaient hérité manifestement de l'histoire des terres d'islam, mais étaient elles-même connues pour être d'une étonnante disparité: lire à ce propos l'excellente photographie historique que constitue l'épopée 'Arrihla' rapportée par Ibn Battuta, qui a parcoururu l'empire musulman (dont il ne faut pas oublier que le morcellement est un leitmotiv) en partant du maghreb au machrek en passant par l'europe orientale et l'asie: plus de 25 ans de voyage dans des contrées aussi éloignées géographiquement que culturellement; puis le facteur économique, corrélatif au facteur social, bien que très pauvre, laisse certes apparaître une disparité des richesses mais entretenue de longue date par les occidentaux, en particulier depuis l'époque coloniale; enfin ajoutons le facteur religieux, lequel, malgré la centaine d'écoles juridiques plus ou moins influentes en fonction des politiques en place, restera et subsistera la pierre d'achoppement sur laquelle viendront échouer, au fur et à mesure, toutes les crispations de la "menace verte" en occident; lire à cet effet l'excellent ouvrage de Malek Chebel "L'islam, passion française : une anthologie".
Ce qui a précédé ne fait ni office de démonstration et ne saurait en faire l'économie; pour autant il apparaît que c'est de l'islam dont il s'agit. L'islam constitue, de facto, et à raison ou à tort, l'enjeu principal de la logique de dominations actuelle entre occident et terres d'islam.

Un autre élément qui m'a amené à cette constatation qui relève finalement de la "tautologie" -mais dont une "démarche scientifique" ne saurait donner foi-, c'est l'observation des individus musulmans, dans leur ressenti face aux évènements; lorsque j'étais môme, je m'étonnais toujours de voir une solidarité de sentiments entre les afghans et les musulmans européens; en effet, quel rapport entre le moujahid dans les montagnes du Panshir et les franchouillards que nous étions? pourtant, je ne pouvais nier ce ressenti commun; alors, au gré des conflits qui ont suivi et la lecture des plus anciens, je me suis forgé une opinion, qui n'en reste pas moins à prouver; mais la lecture de l'ouvrage "Les identités meurtrières" de l'éminent Amin Maalouf, m'a éclairé sur ce conflit par la définition de la notion d'identité.
Si le caucasien qu'est le Tchétchène musulman et le franco-maghrébin que je suis ressentent une douleur au même endroit, c'est parce que dans la mosaique d'identités que sont les nôtres respectives, uniques, la parcelle islam est celle qui est touchée, mise en cause, humiliée, piétinée.

Voilà pourquoi, au fil du temps et des tragédies en terres d'islam, le musulman franchouillard, et par extension, occidental, se sent concerné par le conflit balkan, le massacre tchétchène, l'occupation palestinienne, la bosnie souillée par l'hypocrisie des Kouchner et autres, sans parler de l'irak, du liban, etc.

Par conséquent, que ce soit du point de vue de l'émetteur comme du récepteur, c'est l'islam qui est au coeur de ce bras de fer.
Tout ceci n'est-il qu'une perception? Voilà une autre question qui m'a beaucoup occupé; là encore, c'est un spécialiste qui m'a apporté des éléments de réponse; auteur inclassable selon ses propres termes, René Guénon m'a bcp éclairé sur ce qu'était la place du vrai et du juste, à l'aune de la perception, seul instrument d'appréhension directe de notre environnement (lire la leçon de sergecar.club.fr sur "la raison et le sensible"), bien en amont de l'abstraction intellectuelle; Nietzsche disait fort à propos que la force d'un peuple réside, bien plus que dans la réalité de sa situation, mais dans la confiance en soi, de l'estime qu'il a de lui-même ("self-confident"), et de la force à laquelle il croit à ses valeurs. Par conséquent, tout comme ce qui importe dans le jugement qualificatif du bon et du mauvais, c'est bien la perception qui détermine la vérité, bien qu'elle soit évidemment relative.
Partant de cela et quelques autres choses dont je me ferais l'économie dans ces premiers billets, j'ai donc admis que, à la limite, peu importe que ce soit vrai ou faux, que ce soit une illusion ou pas, que le problème réside "en réalité" ailleurs, ce qui compte à l'instant présent, c'est la perception qu'en ont les individus; les politiciens le savent bien, et en usent à merveille par une jonglerie effrontée et sans scrupules des chiffres de la croissance, du chômage, du pouvoir d'achat, etc., au gré de leurs objectifs. Une démo? Il suffit de suivre les programmes des candidats à la présidentielle: aucun ne s'embarrasse de scrupules pour faire des ponts -que dis-je des viaducs!- entre des dimensions complètement éloignées : je me souviens d'ailleurs de la question posée à Mr Sarkozy sur l'endettement de notre pays, et lui de répondre qu'il faut, ds l'ordre svp, réduire les fonctionnaires, puis rémunérer les heures sup et le PIB remontera tout seul et on ne sera plus obligés d'emprunter pour "payer le quotidien du pays", ben voyons! Même en n'ayant plus aucun fonctionnaire, c'est pas ce qui pèse le plus; et puis franchement, c'est typiquement le genre de raccourcis qui ferait rire ses collègues en collégiale ministérielle, on n'entend jamais ce genre de choses même à l'assemblée! Mais revenons-en à la perception...

En d'autres termes et pour résumer si, du point de vue de l'occidental, il s'agit d'islam, et que du point de vue du musulman, il s'agit d'islam. Alors c'est qu'il s'agit d'islam. D'ailleurs, quelle vérité en dehors de toute perception?
Alors, quand je parlais autour de moi en ces termes, "islam et occident", on me prenait pour un illuminé, au mieux un égaré, et puis aujourd'hui, j'entends Chirac déclarer, pour ne prendre que le dernier exemple en date, : "seul un équilibre entre Occidentaux et musulmans permettra d'éviter de donner l'image d'une force «occidentale»". Il s'agit donc bien de musulmans, d'occidentaux, et d'image, donc de perception.
Aujourd'hui, ceci est admis ou, comme on dit, "démocratisé"... L'adhésion de la Turquie à l'union européenne en est l'exemple européen le plus éloquent. Mais ceci est une autre histoire...
Wassalam,
Mouslim-X.

jeudi 22 février 2007

Salam, ave, shalom

Voilà, je me suis enfin lancé!
Dieu merci, j'aurai vécu le "blog"; j'y étais! je peux mourir en paix.